Petite histoire de Cazaux

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jeudi 26 janvier 2006

par_133.jpgSAINT-PIERE DE CASAUX, extrait du livre sixième des Variété Bordeloises par l'Abbé Baurein entre 1770 et 1780

  C’est un paroisse située dans l’Archiprêtré de Buch et Born, appellée de Casalibus dans les anciens Pouilliés du Diocèse. Sa dénomination annonce que, dans le principe, c’étoit un lieu abondamment fourni d’habitations, et d’ailleurs très-cultivé ; car c’est ce qu’a signifié le mot Casale dans la basse latinité. On peut consulter à cet égard les Glossaires du Ducange et de Dom Carpentier. D’ailleurs, ce qui le prouve d’une manière sans réplique, ce sont les fondements de ces anciennes habitations qu’on découvre à proportion qu’on défriche quelque pièce de lande.

    Mais, dira-t-on, comment est-il arrivé qu’une paroisse autrefois très-peuplée et très-bien cultivée, ait pu devenir dans la suite un lieu presque désert ? Cela est fort aisé à comprendre, et on n’en voit malheureusement que trop d’exemples. Il faut poser pour principe qu’un lieu n’est habité et n’est cultivé qu’autant que les fonds sont productifs, et qu’on y trouve des moyens pour subsister, et qu’il le sera d’autant plus, que les ressources pour la vie animale y seront plus abondantes. C’étoit sans contredit ce qui rendoit la Paroisse de Casaux très-peuplée et très-florissante ; mais les choses de ce bas-monde n’ont qu’un temps, et mille circonstances auxquelles on ne s’attend pas, sont capables de leur faire changer de face. La situation de cette Paroisse auprès de la mer, dont elle n’est distante que de deux lieues, lui est devenue funeste, ainsi qu’à tant d’autres lieux de ce Diocèse, qui en sont voisins.

Les sables que l’Océan jette continuellement sur nos côtes, et qui s’y accumulent en dunes ou montagnes que des vents impétueux transportent çà et là, sont la cause de la ruine des lieux que ces mêmes sables avoisinent. Ne fissent-ils autre chose que se répandre sur la surface des terreins gras et fertiles, cela suffiroit pour les rendre stériles et ingrats. Mais cela n’est pas tout : il y a ordinairement au pied de ces dunes des étangs, dont les canaux par lesquels ils se dégorgeoient dans la mer, ont été interceptés par les sables : les eaux de ces étangs n’ayant plus de débouché, et d’ailleurs les sables que les vents y transportent les faisant gonfler, il faut nécessairement que ces eaux, qui pendant certains hivers sont plus abondantes, s’avancent vers les terres, et qu’elles couvrent insensiblement les fonds voisins qui étoient en culture. Ces fonds ne fussent-ils même couverts par les eaux que pendant l’hiver, cela seul est plus que suffisant pour les rendre marécageux et les mettre hors d’état de culture. C’est par là que des lieux autrefois très-peuplés, sont devenus des espèces de déserts ; et c’est en particulier ce qui n’a pas peu contribué à dépeupler la Paroisse de Casaux.

On ne le dissimulera pas : tandis qu’il arrive des désolations d’un côté, l’ordre de la Providence ouvre des ressources d’un autre ; en en effet cette paroisse en eût trouvé dans la forêt de pins de la Teste, qui a cinq lieues d’étendue, et dans laquelle on exploite une quantité considérable de résine ; mais cette forêt, dans laquelle les habitants de Casaux avoient un tiers en propriété, à ce qu’on prétend, ayant été incendiée en 1716, et les habitants de Casaux n’ayant point été en état de la rétablir, ensorte que, quoiqu’ils aient droit d’y prendre leur bois de chauffage, néanmoins le seul avantage qui leur reste, est de s’occuper, au profit d’un tiers, des l’exploitation des résines dans la partie de cette forêt, dépendante de leur paroisse, dans laquelle il y a environ quarante familles de résiniers ; à l’égard du restant des habitants de la Paroisse où il n’y a que quinze feux, qui sont composés de cent personnes, en y comprenant les enfants, leur principale occupation est de charrier à la Teste la résine et les autres denrées qu’on exploite dans cette forêt.

On comprend aisément que la culture y est fort négligée ; aussi les habitants n’y recueillent pas suffisamment de grains pour leur subsistance pendant la moitié de l’année. De là il s’ensuit que le Curé, réduit à subsister du seul produit de la dîme, ne s’en trouve pas mieux. Son revenu n’est pas, à beaucoup près, suffisant pour s’y soutenir, s’il n’a d’ailleurs quelqu’autre ressource. Aussi est-il arrivé que cette paroisse est souvent vacante et abandonnée ; et c’est cet état d’abandon, à ce qu’on prétend, qui a été cause de cette Cure, qu’on dit avoir été régulière dans son origine, ayant été demandée en Cour de Rome, comme vacante, a été conférée depuis long-temps à des prêtres séculiers, par les Archevêques de Bordeaux.

Les Mémoires qu’on a fournis sur cette Paroisse, quoique d’ailleurs très-bien détaillés, n’administrent point la preuve de l’ancien état de ce bénéfice. Tout ce qu’on peut donner pour certain, d’après les anciens Pouilliés du Diocèse, c’est que cette Cure dépendoit du Prieuré de Bardanac, uni autrefois au Collège des Jésuites de Bordeaux. Suivant une ancienne Tradition qui subsiste encore dans la Paroisse, l’Eglise de Casaux a été couverte par les eaux de l’étang, sans qu’il en paroisse aucun vestige. On prétend que depuis cette époque le service paroissial a été fait dans l’Eglise du Prieuré, qui appartenoit à l’Ordre de Saint-Benoît. On assurera rien à cet égard ; on observera simplement que l’église actuelle de Casaux est petite ; et néanmoins les Eglises qui appartenoient à cet Ordre, soit dans les Landes, soit dans le Médoc, étoient de grandes et belles Eglises, telles que sont, entr’autres, les Eglises de Soulac et de Memisan, qui feroient honneur à de grandes villes.

Le nombre des feux de cette paroisse consiste en ces quarante établissements ou familles dispersées dans la partie de la forêt de la Teste, qui est du territoire de Casaux, auxquelles le Curé administre les secours spirituels… 2° En trois maisons voisines du Presbytère… 3° En cinq autre situées au quartier de Lestollerie, et enfin en sept autres maisons dispersées dans l’étendue de la Paroisse et dont la plus éloignée est à une lieue de distance de l’Eglise.

Indépendamment de cette partie du territoire de la Paroisse de Casaux, qui s’étend sur la montagne ou forêt de la Teste, il y a encore dans la même paroisse une très-vaste plaine, mais presque toute en lande, qui sert néanmoins à la nourriture du bétail : cette lande est bordée par un étang qui a sept lieues de long sur trois de largeur en certains endroits, mais qui se rétrécit en d’autres, au point de n’avoir qu’un quart de lieue. cette étang néanmoins n’est pas en entier situé dans cette paroisse : il borde également celle de Sanguinet et de Biscarrosse : c’est par sa partie septentrionale qu’il s’avance dans celle de Casaux.

Cette Paroisse est borné, vers le levant et le nord, par celles du Teich et de Gujan ; vers le sud-est, par celle de Sanguinet ; vers le midi par cette partie du Bassin qui est dans l’alignement de la Paroisse de Sanguinet, et encore du même côté, par celle de Biscarrosse, qui s’étend jusqu’à une dune appelée le Trincat ; vers le couchant, par la forêt ou montagne de Buch, et vers le nord par la Paroisse de la Teste, au lieu appelé Corneaux, où il y a un morne ou petite montagne, et des croix qui font séparation de ces deux Paroisses.

Casaux, est placé à la distance de douze lieues de Bordeaux et deux de la Teste, de Gujan et de Sanguinet : le terrein de cette Paroisse est sablonneux et marécageux ; elle peut avoir huit lieues de circuit ; une maison située au Pujau Brostut, est la plus éloignée, étant à une lieue de distance de l’Eglise. On peut faire parvenir les lettres à Casaux par la Teste, où il y a un bureau aux lettres. On remarque dans le territoire de cette Paroisse, une voie Romaine, par laquelle on peut aller de Casaux à la Teste : c’est celle qui conduisoit, suivant l’Itinéraire d’Antonin, d’Aquis Tarbellicis à Boïos. Le port où l’on embarque des denrées, est celui de la Teste.

Cette Paroisse dépend du Captalat de Buch, et est placée dans la Jurisdiction de la Teste, dont M. de Ruhat est le Seigneur Haut-Justicier, ainsi  que le Seigneur foncier et direct.

Il y a dans cette partie de la forêt des pins, placée dans Casaux, quarante fours à résine, douze servant à faire de la gemme, du goudron et du bré sec, qui tous appartiennent à des gens étrangers à la Paroisse de Casaux.

Extrait du livre sixième des Variété Bordeloises par l'Abbé Baurein entre 1770 et 1780 par Aimé Nouailhas HTBA


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