Le Bassin, patrie des bateaux à voile

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mercredi 16 septembre 2015

Le Bassin, patrie des bateaux à voile

Voilà que la COBAS, dans sa quête du développement durable, incite les chantiers navals du Sud-Bassin à inventer, au plus vite, un bateau silencieux et pas du tout polluant. Bref, le bateau de demain construit dès aujourd’hui. En fait, tout le monde le connaît ce bateau qui ne fait pas de bruit, qui ne fume pas, qui ne ronfle pas et qui vogue comme un nuage de beau temps dans un ciel d’été. Oui, ce navire de rêve, c’est le bateau à voiles. D’autant plus que le Basin est sa patrie.



Six mètres JI (jauge internationale) photographies Victor Faure, avant 1904




La preuve : le succès des régates organisées par Lamarque de Plaisance dès les années 1850 et qui ne se dément pas depuis, comme on l’a vu en ces jours de « 18 heures ».  Et savez-vous qu’en 1880, on compte déjà plus de deux cents voiliers devant Arcachon ? En 1905, une puissante “ Société de la Voile et de l’Automobile d’Arcachon ”, donne un ton très britannique au plan d’eau arcachonnais qui, de plus, offre tous les avantages de la haute mer, des vents réguliers et des courants complexes, sans en avoir aucun des dangers. Avant 1914, on voit donc souvent ici, des yachts de cinq à cent tonneaux. Ils paradent ou s’affrontent plus loin que dans le Teychan ou bien, plus paisiblement, ils croisent le long des côtes et débarquent leurs passagers sur des rivages sauvages, << de l’autre côté de l’ eau >>, dans les solitudes de la presquîle du cap Ferret.



Régate à Arcachon 1862


Les  équipages de ces yachts, parfois  formés de cinq ou six hommes, se recrutent assez souvent chez les marins arcachonnais qui voient là une bonne aubaine financière pour un travail des plus plaisants. Autre retombée économique de cette activité, plus importante : de petits chantiers navals réputés, tournés en grande partie vers la plaisance, se développent à l’Aiguillon. Les plus connus, dont les noms constituent des lettres de noblesse dans la charpente marine locale, s’ appellent Bossuet, Bonin  ou Barrière et Claverie est un voilier célèbre.


Mais la grande invention d’Arcachon, en matière de plaisance à la voile, c’est la création, en 1897, du  “ monotype d’ Arcachon ” à la demande de la Société de la Voile (il ya eu deux monotype d'Arcachon, le premier en 1897, un sloop de 7,50 à 8 mètres et le second en 1912 dessiné par Joseph Guédon, qui est celui que nous connaissons encore aujourd'hui).  



Envie d’étendre la pratique de ce sport à un plus grand nombre ? Désir de repérer quelques jeunes yachtmen doués ? Volonté de disposer d’un petit bolide de compétition ? Quels que soient les objectifs visés, on voit bientôt assez de ces monotypes pour que s’organise entre eux une régate, en 1901. Ces fins bateaux de quatre mètres, à voile unique au tiers bômée, vont faire beaucoup de petits, jusque dans les années trente et aujourd’hui encore, des amateurs éclairés en font toujours naviguer, en se méfiant tout de même un peu du vent arrière ... Ils forment les prémices d’une  évolution vers le yachting populaire.  Quant au touriste de base de 1895, il peut louer un voilier et son marin, pour trois francs de l’ heure.



Le yachting, connaît ici un nouvel essort depuis 1920. Pas moins de six grandes coupes se  disputent dans le Bassin, recherchées par des équipages internationaux tandis que des marins arcachonnais brillent dans des palmarès planétaires. Le site est tellement réputé, qu’en 1928 l’équipe d’Argentine de voile s’y entraîne pour les Jeux olympiques d’Amsterdam ! Et même, les grands yachts des aristocrates les plus huppés  relâchent devant Arcachon. Le plus impressionnant étant le celui des fabricants du papier à cigarette “Job ”, ancré devant la villa “ « Claire » .  Il mesure cinquante mètres de long et transporte quatre chaloupes ! Il distance à peine le  « Léon-Pauihac », équipé d’un treuil à vapeur, appartenant à la famille Singer.



Mais le plus légendaire c’est l’Ailée, le navire de Virginie Hériot, propriétaire des magasins du Louvre. Première femme médaillée d’or aux jeux olympiques d’ Amsterdam, quartier-maître honoraire de la Royale, elle engage son “Ailée” dans les plus grandes régates d’Europe. Un sacré trois mâts portant mille mètres carrés de voilure, ancienne propriété du Kaiser !

Virginie Hériot



l’Ailée


Et voilà que, le 28 août 1932, Virginie Hériot meurt subitement à bord de son voilier, à l’ancre devant la jetée Thiers. A l’ annonce de son décès, tous les vapeurs en rade sonnent longuement de leurs sirènes.


Fin août 1932, elle est invitée aux festivités du cinquantenaire de la Société de Voile de la ville d'Arcachon. Le 24, elle conduit son petit voilier Aile VII. Au milieu de la baie, la mer est calme, le ciel est bleu, elle s'évanouit. On tente de la dissuader de prendre le départ de la régate, mais en vain. Le 27 août, elle rejoint la ligne de départ à 14h45. Elle est alors victime d'une syncope. On remorque le voilier. Les médecins accourent. Elle meurt le 28 août 1932 à bord d'Ailée II à 15 heures précises. Elle a 42 ans. Une première cérémonie religieuse a lieu le 1er septembre à Notre-Dame d'Arcachon. Son corps est ensuite transporté à Paris où ses obsèques sont célébrées le 2 septembre en la basilique Sainte Clotilde. La cérémonie est présidée par le Cardinal Verdier Archevêque de Paris.


Peut-être bien que, ce jour là, une page de l’histoire d’Arcachon s’est tournée ... Il n’en reste pas moins qu’Arcachon verra encore naître quelques beaux spécimens très réussis de dériveurs légers, tels le Loup ou le Pacific.



Régate de Pacifics


Le Pacific est né en 1941, sur des plans de Pierre Le Prou, architecte naval, et de René Bonnin, du chantier naval qui porte son nom



Le Loup, né en 1929, un dériveur intégral de 5.50 mètres et d'un tirant d'eau de 0,15 mètre de tirant d'eau (dérive haute) et de 1.20 mètre (dérive basse).


Par la suite, la seconde guerre achevée, le yachting se célèbre encore dans  un grand rituel, lors des départs de régates lâchées avec solennité depuis la jetée Legallais. Voilà donc pourquoi le bateau de la COBAS, conçu pour le transport public, ne peut être qu’ une espèce de grande pinasse à voiles dirigées électroniquement. Mais, je vous entends déjà objecter : « Quand il n’y a pas de vent, laisserez-vous les touristes inexorablement dériver vers le gouffre des passes ? ». Bien sûr que non : ils rameront ! A bientôt, pour encore parler du pays …


Jean Dubroca

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