Antoine de Sauvage, maire royaliste d'Andernos.

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lundi 17 décembre 2012
Antoine de Sauvage, maire royaliste d'Andernos de 1826 à 1834, éleva des dromadaires, acheta l'île aux Oiseaux, et mourut ruiné après 1852 au Vénézuela.

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Un spectacle bien étrange : les dromadaires d'Antoine de Sauvage paissant devant le château de Lamarque, dans le Médoc. (photo d. r.)

Evidemment, avec un nom pareil, comment passer sa vie en pantoufles ? Antoine de Sauvage, né en pleine Terreur le 5 décembre 1793 à Villenave et décédé en 1852 ou 1853 très probablement à Valence au Venezuela, n'a pas eu une seule vie, mais au moins quatre ou cinq, et il ne les a pas passés dans ses pantoufles.

Antoine de Sauvage fut maire d'Andernos de 1826 à 1834 et sans Bernard Eymeri, on n'en saurait aujourd'hui pas beaucoup plus. L'actuel adjoint à la culture et au patrimoine d'Andernos publie en effet dans le dernier bulletin de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch un article sur ce maire oublié qui n'a même pas une rue à son nom (1).

Drôle de fin, drôle de vie…
Alors par où commencer avec ce personnage aux multiples vies ? Par la fin : Antoine de Sauvage est mort ruiné au Venezuela. Il y exploite plusieurs inventions : des appareils pneumatiques pour trier et ventiler le café ou raffiner le sucre. Mais il se fait déposséder par le Vénézuelien Geronimo Fernandez. Et qu'Antoine provoque cet escroc en duel ne change rien à son destin : il meurt sans un sou quelques années après, sans qu'on sache ni vraiment où, ni vraiment quand.

Une drôle de fin pour une drôle de vie débutée en Gironde durant la Révolution française. Diplômé de l'École des ponts et chaussée, il quitte d'abord Bordeaux pour Paris où il est nommé inspecteur général de la navigation et des ports.

Il est signalé à Andernos le 15 juillet 1822 où il achète au tribunal le domaine d'Arès pour 32 150 francs (les prix ont augmenté depuis). À cette époque, nous dit Bernard Eymeri, « Au quartier d'Andernos se trouvent l'église et la mairie ; les habitants sont marins ou agriculteurs, incultes et illettrés. Tous les administrés riches et instruits demeurent au bourg d'Arès : notaire, chirurgien. » Antoine de Sauvage prend donc possession de plus de 14 000 hectares de champs, de landes et de marais.

Sauver le préfet à dromadaire
Royaliste, éclairé, fortuné, il investit à grands frais : fossés, canaux, digues, plantations de pins, vigne (il achète aussi le château de Lamarque et son vignoble dans le Médoc), fabrique de térébenthine, etc. Cependant, « il regrette que les habitants, incultes et bornés, refusent le progrès, alors qu'il veut leur apporter richesse et prospérité. »

À sa demande et par piston via son ami le préfet, il est nommé maire d'Andernos le 24 janvier 1826. Maire d'accord mais imaginatif d'abord : en 1827, il importe des dromadaires d'Égypte, pour les acclimater dans les landes girondines, selon lui très semblables à leurs déserts d'origine. « Il envisage d'instaurer un mode de transport original de méharis, pour rejoindre Bordeaux avec ces animaux, estimant inutile et trop coûteuse la construction d'une voie ferrée. »

Mieux, pendant les journées révolutionnaires de 1830, il part à Bordeaux pour chasser la foule qui saccage la préfecture : « Encouragé par ses amis et administrés, il s'élance à la tête d'une troupe composée de six gardes, à dos de dromadaires ! » Ils n'atteindront pas Bordeaux…

Il obtient en 1829 du maire de La Teste l'affermage de l'île aux Oiseaux pour y faire de l'agriculture. Mais il y est vaincu par les lapins, trop nombreux et trop voraces… Il achète aussi en 1830 les prés salés de La Teste pour y développer la pisciculture et y créer un port. En tant qu'expert, il participe à un dossier consistant à creuser un canal à travers la presqu'Île du Cap-Ferret aboutissant au Grand Crohot tout en fermant les passes du Bassin par des carcasses de navire pour en faire un havre pour les bateaux. Las, le projet est abandonné.

Et Andernos alors ? La vie communale ne l'intéresse pas beaucoup, sauf quand il est question du presbytère ou d'un nouveau curé. En fait, il délègue à son adjoint Jean Descot. Tant et si bien qu'en 1834, il lui laisse la place et démissionne même de son poste de conseiller général. Il revend au capitaine David Allègre ses biens sur le Bassin et quitte la région pour Mende d'abord et le Venezuela ensuite.

Dans l'inventaire de ses biens vendus, « on trouve, entre autres, une jeune chamelle… »

Source : David Patsouris, Journal SUDOUEST

Pour en savoir + :  « Antoine de Sauvage, un maire d'Andernos oublié » par Bernard Eymeri, bulletin 154 de la Société historique et archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch. Disponible dans les librairies du Bassin.

Extrait : Noble, royaliste, fortuné, cultivé, esprit éclairé, progressiste, il semble être un adepte de la doctrine de Claude Henri de Rouvroy, comte de Saint-Simon. Très en vogue au début du XIXe siècle, cette doctrine socio-économique est considérée comme fondatrice de la nouvelle société industrielle par l’aristocratie française. Après les excès de l’Ancien régime et de la Révolution, elle préconise un changement de société afin qu'elle soit plus fraternelle, basée sur l’égalité, la paix et le "bien commun", administrée par ses membres considérés comme les plus compétents : ingénieurs, scientifiques, intellectuels, artistes…Antoine de Sauvage pense certainement faire partie de cette catégorie.
Est-ce un signe de son destin ? Il naît sous la Terreur, le 15 frimaire de l’an II(5 décembre 1793) à Villenave, qui deviendra plus tard d’Ornon, fils de Pierre Bénoni de Sauvage (1765-1831) et deMarie Catherine Elisabeth de Trigant (1774-1848) ...


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